L’Université Technique Cluj-Napoca
Centre Universitaire Nord Baia Mare, Roumanie
et
Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT)
vous invitent à participer
à la quatrieme édition de la Conférence Internationale d’Etudes Culturelles
„Multiculturalisme et le Désir d’être reconnu”
ayant comme thème:
COMMUNICATION DE MASSE DANS UN CONTEXTE DE PROPAGANDE
« Fausses nouvelles », « faits alternatifs » et post-vérité
20-23 juin 2019
Baia Mare
Appel à communication
Le présent appel vise à encourager la participation de chercheurs de différentes disciplines (linguistique, philologie, analyse du discours, études culturelles, travail social, sociologie, philosophie, psychologie, éducation, sciences politiques) à une réflexion sur la valeur de l’information dans nos sociétés globalisées. Face aux « fausses nouvelles », aux « faits alternatifs » et à la post-vérité, il s’agit de comprendre, d’analyser et de questionner de quelle manière ces modes de communication de masse concourent au vacarme général; de saisir comment et pourquoi ils se propagent; de clarifier aussi de quoi et à qui ils parlent. En tant que fictions à succès, leur finalité peut être idéologique, politique, technique, scientifique ou communautaire. Il s’agit de les visionner critiquement et de développer une littératie pour s’y orienter de manière significative.
Des déclarations fausses ou inexactes, des « nouvelles bidon » (junk news), des mensonges se répandent, en grand nombre, pour tromper les gens et cela, à l’aide des médias de masse, des plateformes numériques et des réseaux sociaux. Certains de nos concitoyens, désensibilisés par cette surinformation floue, ne la prennent même plus en considération. Brocas et Marcineau (Brocas, A. et Marcineau A. (2018, novembre). Infox, mensonges et vidéos. La vérité est ailleurs. Les menteurs, p. 30-33) souligne qu’au début du mandat de Donald Trump, la presse américaine a commencé à dénombrer 2000 fausses nouvelles, 40 par semaine. Mais, cela n’est pas nouveau. De droite à gauche et de gauche à droite, les fausses nouvelles partisanes, reprises et amplifiées provoquent une crise de confiance en nos politiciens et en nos institutions. Elles réconfortent les convaincus, discréditent les adversaires, sèment le doute et choquent ceux qui saisissent l’imposture. Un déficit de légitimité de la communication de masse s’ensuit et s’additionne à une crise de confiance de longue date.
Sommes-nous dupes que la vérité est plus qu’une opinion lorsqu’on accepte que la publicité soit présentée comme mensonge acceptable et agréable? Tolérons-nous les décisions éditoriales biaisées et partisanes, même si elles sont contredites et dénoncées par certains de nos citoyens? D’un autre côté, selon Venturini (Venturini, T. (2018). Sur l’étude des sujets populaires ou les confessions d’un spécialiste des fausses nouvelles. Dans Sauvageau F. et al (dir.), Les fausses nouvelles : nouveaux visages, nouveaux défis, p.23. Québec : Presses de l’université Laval), plus ces nouvelles sont dénoncées, plus elles se propagent et deviennent virales et amplifient le problème de la fausse communication publique. Alors, doit-on plutôt parler de pollution du débat public? Cet auteur pense que c’est la "viralité", plutôt que la "fausseté ", qui devrait être « considérée comme la signature d’une fausse nouvelle ». Les gens aiment en parler sans croire nécessairement que les faits présentés sont « vrais » ou « faux ». Ingurgitent-ils ces simulacres de communication comme des « faits alternatifs »?
La véracité ou la fausseté des faits se retrouve-t-elle reléguée au deuxième rang par rapport au contexte que les gens vivent et qui a une répercussion directe sur leurs sentiments, ressentiments, émotions et expériences? Ce façonnage du réel devient-il moins pertinent que la difficulté de vivre le quotidien où toutes les différences sont exacerbées? Est-ce une crise de la conscience citoyenne ou un cri rauque de citoyens devant un déracinement d’un monde qui voit ses repères aller à la dérive? Ou bien les deux? De nos jours, ce désarroi soutient-il l’obsession identitaire de droite ou de gauche qui établit, malgré tout, ce qui est crédible?
Pourquoi les gens sont-ils ouverts aux « fausses nouvelles » et aux « faits alternatifs » et pourquoi les acceptent-ils? Quelle est la logique qui soutient l’adhésion à ce type de message public surtout lorsqu’il frôle l’absurde ou le comique? Quel type de communicateur choisit de les insérer dans la construction de sa vision sociale, de son message aux autres membres de la société au-delà de toute dignité et intégrité personnelle? Pourquoi sa narration idéologique, politique ou scientifique contient-elle un vecteur de cohésion en tant que réponse aux attentes et aux inquiétudes de plusieurs de nos concitoyens? Ce qui est en jeu, c’est notre capacité de penser et de juger. Est-elle en train de s’amoindrir? La construction de vérités parallèles, fondée sur de « fausses nouvelles » et de « faits alternatifs », met à mal la véracité des faits et notre expérience démocratique. En 2004, l’auteur américain Ralph Keyes (Selon le dictionnaire Oxford, cité par la Presse. http://www.lapresse.ca/international/201611/16/01-5041850-post-verite-le-mot-de-lannee-selon-le-dictionnaire-oxford.php) a inventé le terme de post-vérité pour décrire une situation médiatique où « les faits objectifs ont moins d'influence pour modeler l'opinion publique que les appels à l'émotion et aux opinions personnelles ». Doit-on parler d’un système médiatique alternatif?
Ce type de communication de masse s’adresse-t-il à notre naïveté, à notre ignorance ou à notre rêve d’un monde qui répondrait à nos besoins? Nous ne vérifions plus qui dit quoi, la légitimité des sources. D’ailleurs, la surinformation et la multiplication des sources rendent cette tâche difficile. Ellul (Ellul, J. (1967). Histoire de la propagande. Paris : PUF) identifiait le besoin psychique de l’individu isolé, seul et sans ressource, d’obtenir des effets et des répercussions dans sa vie. Selon l’auteur, cette personne vit noyée dans le contexte technologique de la société de masse et embarque dans un cercle vicieux : plus on lui offre de fausses satisfactions pour de faux besoins, plus elle devient isolée, seule et sans ressource et plus, elle a besoin de médias pour lui offrir des succédanés qui la réconfortent.
Mais qu’est-ce qui a provoqué cette crise mondiale de la communication? Comment sommes-nous arrivés au contexte de communication publique actuel?